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Episode 3, Jules Verne - entre rêves et sagesse

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Episode 3, Jules Verne - entre rêves et sagesse

25/05/2021 par Preligens

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INTRO

Lorsque Jules Verne naît en 1828 à Nantes, en France, Napoléon Bonaparte vient de s’éteindre sur l'île de Sainte Hélène, l’humanité écrit encore avec des plumes d’oie et les déplacements se font à pied ou en calèche - voitures et trains n’existant pas dans cette France à 80% rurale et paysanne. Alors comment Verne réussit-il à prédire l’avenir et démocratiser la science avec plusieurs générations d’avance ? D’où lui viennent ces intuitions qui anticipent le potentiel et les risques des machines que nous utilisons aujourd’hui - vidéoconférence, sous-marin ou tube transocéanique dont Elon Musk semble avoir emprunté le concept pour son tunnel Hyperloop ? C’est ce que Nathan Juglard, Responsable commercial chez Preligens, va essayer d’éclairer pour nous aujourd’hui.

Jeunesse Nantaise

C’est l’écrivain Jean Giono qui introduit le mieux l’impact de Jules Verne sur l’imaginaire français et mondial: “Au moment où tous les hommes du 19e siècle sont friands d'îles désertes, explique Giono, Jules Verne détruit toutes les îles désertes. Il imagina “L'Île mystérieuse”, où il n'y a plus désormais que mystères chimiques et physiques… L'esprit de la machine commence à assujettir l'ingénieur (celui qui invente). Peu à peu, il rejette tout ce qui est naturel et attire tout ce qui est artificiel, tout ce qui se fait par une industrieuse combinaison de moyens... ”(1)

Une œuvre sur la science unique en effet mais qui n’avait rien d’évident au départ : le jeune adulte se destine d’abord au droit pour reprendre le cabinet de son père mais ses rêves d’enfance le rattrapent bien vite, et ses parents acceptent de soutenir ses envies de littérature. Quinze années difficiles suivront sa montée à Paris; quinze années d’écriture théâtrale anonyme, solitaire, puis c’est enfin la rencontre d’un éditeur important, Pierre-Jules Hetzel. Jules Verne s’empare de sa vocation à près de trente-cinq ans: le roman d’aventure géographique. Il ne la lâchera plus jusqu’à sa mort.

Décrypter le monde

Un peu comme on parlerait du réalisateur Christopher Nolan aujourd’hui, en particulier de son film de science-fiction Interstellar (2014), le romancier Emile Zola disait de Jules Verne qu’il savait “mettre la science en drame”(2) - avec un peu de jalousie de Zola pour ce succès d’ailleurs.. De la jalousie parce qu’il ne trouve pas le style de Verne particulièrement poétique ou travaillé. On ne trouve pas de grandes images abstraites chez lui ou d’introspection psychologique profonde. Verne veut avant tout inventorier, classer, définir avec froideur et exactitude. Il faudrait selon lui dire le monde dans toute sa richesse.(3)

Ce prisme-là donne les folles décennies 1860-70 dans sa carrière et des contes pédagogiques qui traversent le temps et les cultures: “Cinq semaines en ballon” (1863), “Voyage au centre de la terre” (1864), “De la terre à la lune” (1865), “Vingt milles lieux sous les mers” (1869), “Le tour du monde en quatre vingt jours” (1874) “Michel Strogoff” (1876)... Les années suivantes sont moins flamboyantes mais le ton est donné et le succès va croissant - des centaines de milliers d’exemplaires sont vendus pour chaque titre dès leurs parutions. L’imaginaire de millions d’enfants en sort façonné. L’auteur en profite pour s’évader un peu plus; il achète des bateaux, voyage en Scandinavie, aux Etats-Unis, fréquente les plus grands scientifiques de son temps avec qui il peaufine de nouvelles histoires.

La niche est devenue succès planétaire.

Enthousiaste et méfiant du progrès

Ses lectures, rencontres et voyages permettent à notre auteur d’anticiper le siècle suivant, voire le nôtre. On le constate  par exemple avec l’Albatros, une machine volante mue par l’électricité qui préfigure nos hélicoptères d’aujourd’hui. Son héros Robur comprend les possibilités permises par les circuits électriques - il comprend l’importance des hélices aussi - mais notons avec bienveillance qu’il lui reste quelques progrès à faire côté portance de l’appareil, puisque son engin demeure soulevé par une sorte de ballon dirigeable gonflé à l’hélium...

Mais peu importe ces jugements a posteriori. Le but de Verne est d’abord de mettre en lumière un principe scientifique, de lui appliquer ensuite un facteur multiplicatif volontairement fantasque avant de nous donner à rêver et à réfléchir, les deux allant de pair chez lui.

Car Jules Verne vient d’un siècle optimiste et relativement pacifique, proche du nôtre d’ailleurs, qui croit en la science mais qui sait aussi s’en méfier. Ses ingénieurs sont souvent caractériels, autoritaires parfois, et leurs inventions finissent régulièrement en drames et explosions! Le romancier avertit là des excès du génie humain autant qu’il veut tempérer, avec un certain avant-gardisme, les aventures coloniales de son temps.

En plus de sa curiosité pour le neuf et son talent pour l’anticipation, voilà une troisième raison de son succès à mettre en avant ici - la mesure. C’est aussi elle qui explique la durabilité de cette œuvre fondatrice.

Sources

1. Pour plus d'informations Musée Jules Verne
2. Pour plus d'informations Musée Jules Verne
3. Voir l'émission France Culture (2020), “La compagnie des œuvres”, pour plus d'informations.

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