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À Chypre, les preuves de l’emprise turque

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À Chypre, les preuves de l’emprise turque

24/07/2021 par Nicolas Barotte

Cet article est à retrouver sur Le Figaro

Alors qu’Erdogan prône une solution à deux États, le réinvestissement turc s’intensifie dans le nord de l’île.

Les photographies sont édifiantes: la vie reprend à Varosha. Alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est rendu le 20 juillet dans la ville fantôme, qui symbolise la partition de Chypre depuis 1974, l’Institut de recherche en relations internationales (Ifri) publiée une étude sur «l’emprise sur Chypre-Nord» par la Turquie. Elle s’appuie notamment sur le traitement d’images satellites par Preligens, la société montante de l’écosystème de défense français. Grâce à des capacités d’intelligence artificielle, elle développe des moyens d’analyse de haute précision.

Depuis la fuite de ses habitants et son occupation par l’armée turque, la station balnéaire de Varosha est restée sous cloche. Mais rompant avec le statu quo, Recep Tayyip Erdogan et les autorités de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, ont décidé la réouverture de la ville. Depuis deux ans, l’activité s’y est intensifiée, comme le confirme Preligens, qui a détecté l’expansion du stationnement dans les rues du centre-ville. La précision des images, de l’ordre de 30 cm, a aussi permis de constater la rénovation de certaines routes. «Après avoir identifié des sites pertinents à observer avec l’Ifri, nous avons détecté des changements entre 2019 et 2021. Nous avons ensuite classifié les objets remarqués», explique Eve Arakelian, du comité de direction de Preligens. «L’activité à Varosha est demeurée limitée à une petite portion de la ville», prévient-elle.

Négociations au point mort

Peu importe pour le président turc, qui entend faire de Varosha un symbole. Mardi, il a renouvelé la volonté d’Ankara d’aboutir à une solution à deux États sur l’île de Chypre. «Nul progrès dans les négociations ne peut être fait sans accepter qu’il y a deux peuples et deux États», a martelé Erdogan. La communauté internationale refuse catégoriquement cette option. Mais les négociations sont au point mort depuis 2017 entre les deux côtés. En réinstallant des habitants à Varosha, la Turquie et la République turque de Chypre du Nord pratiquent la politique du fait accompli. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé «toutes les parties à s’abstenir de tout acte unilatéral qui provoque des tensions et risque de compromettre» les efforts diplomatiques. La déchirure de Varosha reste une blessure à vif côté grec.

La stratégie chypriote de la Turquie s’inscrit aussi dans une logique de puissance régionale que le traitement du renseignement satellitaire permet d’attester. Preligens a analysé les images de base aérienne de Geçitkale, où Ankara a décidé d’installer une base de drones. On y voit la construction successive d’un hangar et de «segments sols» permettant le pilotage des appareils et l’installation d’engins. L’IA de Preligens est capable d’identifier le type de drone. «L’usage final de la base est encore assez mystérieux», écrivent les auteurs de l’étude de l’Ifri, Dorothée Schmid et Yasmina Dahech.

«Le discours officiel parle de drones d’observation destinés à accompagner les navires turcs d’exploration gazière, mais leur stationnement à Chypre élargit évidemment l’aire de surveillance possible pour la Turquie. Et surtout ces drones, lorsqu’ils sont armés, constituent l’équipement le plus en vue de l’armée turque actuellement», notent-elles. Preligens a aussi recueilli des images du port de Famagouste, où mouillent régulièrement des navires d’attaque rapide «Kılıç-class» turcs. Il n’y a cependant pas de trace concrète de l’installation d’une base navale turque.

En Méditerranée orientale, la Turquie poursuit une stratégie d’expansion de son influence. Pas à pas, Ankara s’offre la possibilité d’installer des bases militaires à Chypre, à quelques kilomètres de celles du Royaume-Uni au sud, qui menacent de bouleverser l’équilibre stratégique dans la région. En revendiquant une souveraineté pour la RTCN, la Turquie pousse ses pions pour exploiter les ressources gazières en Méditerranée.

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