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En Europe, pas de reconquête économique sans l'intelligence artificielle

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En Europe, pas de reconquête économique sans l'intelligence artificielle

21/07/2021 par Arnaud Guérin

Cet article issu des Echos, est disponible ici

L'intelligence artificielle constitue une opportunité unique pour l'Europe de restaurer sa souveraineté industrielle et technologique, assure Arnaud Guérin, PDG d'une start-up. Mais pour cela, le Vieux Continent doit investir massivement. Ce qu'il ne fait pas jusqu'à aujourd'hui.

L'intelligence artificielle (IA), déjà présente dans la plupart des aspects de nos vies, est en passe de transformer le monde. Après la révolution du numérique menée par les Gafam américains et les chinois Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, s'opère une mutation industrielle. Alors que se profile la sortie de la crise sanitaire, nous nous prenons à rêver de l'Europe de demain, forte, indépendante et innovante. L'intelligence artificielle a le pouvoir de transformer ce rêve en destin.

On a déjà beaucoup commenté le formidable moteur de croissance que représente cette technologie en tant qu'elle a le pouvoir d'apporter à des industries existantes les moyens d'entrer dans une nouvelle ère et de trouver un nouveau souffle. Mais s'en tenir à ce seul constat c'est passer à côté du réel potentiel de l'IA en ne voyant pas qu'elle est elle-même une industrie en pleine expansion. Et qu'à ce titre, elle constitue une opportunité unique pour l'Europe de restaurer d'un même coup sa souveraineté industrielle et technologique.

Etre un acteur industriel majeur de cette révolution, c'est maîtriser tous les maillons de la chaîne de production. Il est donc urgent de considérer l'intelligence artificielle comme une industrie à part entière, créatrice d'emplois et apporteuse de solutions pour le monde de demain.

Peu de fonds publics

L'Europe a récemment pris l'initiative, par la voix de sa Commission, de jeter les bases d'une éthique de l'intelligence artificielle. Elle affiche ainsi clairement son ambition de s'imposer comme « le pôle d'une IA digne de confiance ».

C'est plus que louable. Toutefois, on peut regretter que sur les 290 pages de son projet de règlement seulement 70 soient consacrées au plan d'action économique. Un ratio inverse à celui du rapport américain de la National Security Commission on Artificial Intelligence (NSCAI) - qui consacre 700 pages au plan d'actions éco-industriel contre 12 pour les valeurs et l'encadrement de l'IA… Et avec l'investissement, l'inquiétude se renforce : le milliard d'euros alloué à l'intelligence artificielle par la Commission européenne est bien loin des 8 milliards de dollars annuels recommandés par la Commission IA des Etats-Unis.

Or pour l'Europe et la France, c'est maintenant que tout se joue. L'IA est aujourd'hui mature, en production chez des clients, appliquée dans des produits. La filière se structure. Il est temps d'y investir massivement car elle peut porter le renouveau de l'industrie française et européenne.

La France, terre d'IA

Cet espoir et cet appel sont fondés sur des atouts réels. La France est une terre d'intelligence artificielle. De nombreux centres de R&D des géants américains y ont élu domicile et nos ingénieurs bénéficient d'une reconnaissance mondiale. L'enjeu aujourd'hui est de faire en sorte que cette excellence soit mise au service de champions européens, et contribue ainsi pleinement à la reprise d'une vraie stratégie industrielle.

Deuxième atout : la maîtrise de la chaîne de valeur qui commence par la production et l'exploitation de données. L'Europe a de l'avance en matière de réglementation dans ce domaine : le règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) est un cadre vertueux pour le développement des applications et le projet Gaia-X, qui prévoit l'hébergement de ces données dans un « cloud » européen, vient répondre à ce besoin pour le futur numérique de l'Europe.

Enfin, la qualité des données, qui conditionne le développement d'algorithmes performants, dépend de leur bonne annotation. Le ratio est aussi peu connu qu'édifiant : pour qu'un « data scientist » puisse travailler sur des algorithmes, il faut cinq personnes pour annoter des données en amont. C'est un extraordinaire gisement d'emplois et d'opportunités de formation et de reconversion.

Les acteurs européens de l'IA ont tout pour devenir des champions technologiques créateurs de valeurs et d'emplois. Il faut maintenant leur apporter l'impulsion décisive. En la matière, les Etats-Unis et la Chine nous montrent la voie : c'est par l'investissement dans leurs technologies de pointe et en leur apportant des contrats qu'on les aidera à franchir le cap au-delà duquel s'ouvre à eux tout le champ des possibles. Les solutions sont sur la table, à l'Europe de s'en saisir au plus vite.

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