12/05/2021 par Claire Bouleau
Arnaud Guérin a créé en 2016, avec Renaud Allioux, un logiciel d’intelligence artificielle pour la défense et le renseignement. Le ministère des Armées est récemment entré au capital de sa société. Il est l'invité du Club entrepreneurs Challenges - Grant Thornton.
Arnaud Guérin - Oui. Après Centrale, j’ai d’abord voulu acquérir de l’expérience. J’ai fait des voitures autonomes en Allemagne, du conseil au BCG, puis dirigé la R&D et la stratégie de la plus grosse branche d’Areva (devenu Orano) avant de partir en Chine. Ensuite, j’étais prêt. Je cherchais un sujet technologique, au service de la France, quand j’ai rencontré Renaud Allioux, qui travaillait à Airbus, et nous avons fondé Earthcube devenu Preligens.
Les Etats, les agences de renseignement et les ministères des Armées utilisent notre produit pour surveiller des sites stratégiques dans des zones de guerre ou de tension. Jusqu’alors, chaque jour, leurs analystes surveillaient les images satellites, même quand il ne se passait rien. Grâce à l’IA, notre logiciel détecte les chars, avions, bateaux, campements, véhicules civils ou blindés, et alerte l’analyste si quelque chose se passe.
Déjà, cela sert l’Hexagone d’avoir un leader français mondialement à la pointe dans ce domaine. Ensuite, notre charte éthique détermine à qui nous nous autorisons à vendre notre logiciel. Plusieurs lois internationales nous interdisent de le faire dans certains Etats. Et à partir des classements des pays selon leur indice de démocratie, nous nous fixons nous-mêmes des limites.
Nos clients actuels sont la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Otan et l’Union européenne. Nous nous intéressons à l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie. D’ici douze mois, nous serons potentiellement présents dans une quinzaine de pays.
C’est un abonnement. Notre chiffre d’affaires a quadruplé entre 2018 et 2019, et entre 2019 et 2020, à 5 millions d’euros. Nous souhaitons rester sur une croissance rapide et investissons massivement dans la R&D. Sur 120 salariés, nous avons plus de 90 profils tech, dont une soixantaine de data scientists. Nous serons 220 en fin d’année.
Accélérer l’internationalisation et diversifier les sources de données traitées, en nous intéressant par exemple aux contenus électromagnétiques, aux interceptions de signaux de télécommunication. Deux fonds sont entrés à notre capital, Ace (Tikehau) et Definvest, émanation du ministère des Armées. Ce n’est pas une nationalisation, mais une caution de l’Etat qui n’investira pas très au-delà.
Oui, d’ici à une douzaine de mois! Nous sommes dans une compétition mondiale, face à des acteurs extrêmement bien financés. En trois mois, aux Etats-Unis, dans l’aéronautique et la défense, plus de 3 milliards de dollars ont été levés pour une valorisation boursière supérieure à 15 milliards. Nous devons garder notre avance. Nous visons 100 millions de chiffre d’affaires d’ici à 2024 environ. Cela passera peut-être par des acquisitions.
Introduire Preligens en Bourse.
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