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Episode 5, Elizabeth McIntosh : Les fakes news et la désinformation pendant la seconde guerre mondiale

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Episode 5, Elizabeth McIntosh : Les fakes news et la désinformation pendant la seconde guerre mondiale

27/10/2021 par Preligens

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Introduction: 

D’après une étude du MIT de 2018, une fausse information a 70% plus de chances d'être propagée qu’une information fiable[1]. Aujourd'hui ces fausses informations appelées couramment fake news s'immiscent dans les campagnes politiques, les débats privés du fait notamment de leur recrudescence sur les réseaux sociaux.

La divulgation consciente et organisée de fausses informations n’est pas aussi récente qu’on pourrait le croire. Dès le 6ème siècle avant JC, dans son ouvrage L’Art de la guerre[2], le célèbre général et stratège chinois Sun Tzu mettait en évidence l'importance de la tromperie dans les conflits armés. Il insistait sur  la nécessité de trouver un compromis entre vérité et mensonge afin de rendre les fake news aussi crédibles et efficaces que possible. 

L’objectif était de tromper l’ennemi pour le battre plus facilement, les fake news étant déjà considérées comme une véritable arme de guerre. C’est cette arme qu’a également utilisée Elizabeth McIntosh, une espionne de l’OSS, ancêtre de la CIA, durant ses missions dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’histoire d’Elizabeth McIntosh que nous raconte aujourd’hui Zoé Delaforge, responsable de la formation chez Preligens.

Jeunesse:

Elizabeth McIntosh n’a que 26 ans lorsque le 7 décembre 1941, le ciel s'abat sur les habitants de Honolulu et de Hawaï. L’attaque de Pearl Harbour vient d’avoir lieu. Pour la jeune journaliste qui a grandi et travaille sur l'île, le choc est effroyable. Son devoir d’information prend néanmoins le pas sur son émoi.  Celle qui était à l'époque une correspondante pour le Honolulu Star Bulletin s’empresse d’écrire un article sur cet événement historique dont elle vient d’être le témoin[3]. 

Pour cette fille de deux journalistes, le devoir d’informer est primordial. Malheureusement son article ne passe pas la censure militaire. Un coup dur qui ne l’empêche pas de continuer dans le journalisme. En 1943, elle s’envole pour Washington et devient la correspondante du Scripps Howard News à la Maison Blanche.

Au printemps de la même année, un commandant proche de sa famille lui propose un poste de correspondant Asie à l’OSS (Office of Strategic Services). Sans en savoir trop mais aimant voyager, Elizabeth s’engage dans cette nouvelle aventure [4]. Elle rejoint l'équipe “Morale Operation” en Extrême Orient sous les ordres du fameux William Joseph Donovan, dans la toute nouvelle OSS, créée en juin 1942 par le président Roosevelt pour coordonner les ressources du renseignement militaire américain.

Dans son livre : McIntosh parle de la vie fascinante des femmes de l'OSS.

Travaux au sein de l’OSS:

L’objectif de la division “Morale Operation” et de son laboratoire de guerre psychologique sur le front CBI (Chine,Birmanie, Inde) est clair : détruire le moral des soldats et des civils japonais avec “le virus du défaitisme”. L’OSS base son idéologie sur la philosophie de Sun Tzu. Une philosophie qui utilise les fausses informations pour jouer sur les émotions et ainsi “manipuler pour mieux contrôler" l’adversaire. 

Avant la création de l’OSS, la propagande et la diffusion de fausses informations se faisaient à travers la communication blanche (white mail propaganda) avec par exemple de nombreux largages de prospectus par avion qui ne cachaient pas leur origine américaine. Elizabeth McIntosh et son équipe vont révolutionner la propagande de guerre en utilisant la communication de l’ombre (black mail propaganda). Grâce à la diffusion de faux journaux, de faux bulletins radios, de courriers modifiés, l'OSS souhaite ainsi décourager les soldats japonais et les pousser à se rendre.

Le plus grand fait d’armes d’Elizabeth McIntosh a lieu fin 1944, lorsqu’elle a l’idée après une saisie de plusieurs centaines de cartes postales envoyées par des soldats japonais, de modifier leurs contenus pour y rajouter des nouvelles déprimantes (manque de nourriture, de munitions ou détresse psychologique...) Elizabeth connaît l’Asie et la culture japonaise et va se servir de son savoir pour inventer de toute pièce de fausses prédictions astrologiques de gourous fabriqués eux aussi de toute pièce, publiés dans des journaux contrefaits[5]. Elle usa de ces gourous, au crépuscule de la guerre, pour prédire une fausse catastrophe innommable sur le Japon. 
Mais elle ne se doutait pas qu'elle prédisait là, malgré elle, les bombardements nucléaires qu’allait subir le pays du soleil levant les 6 et 9 août 1945.   

Lors du veterans memorial day de 1994 , Bill Clinton lui rend hommage et déclare qu’elle a sauvé des vies dans les deux camps”[6]. En effet, elle est à l’origine d’un ordre falsifié qui abroge les sanctions contre les redditions japonaises. Cet ordre bien que faux va avoir un impact positif dans les deux camps: les Japonais vont se rendre plus facilement et les troupes américaines seront moins sévères avec les Japonais en reddition. 

Quel rapport avec l’IA ? 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’utilisation des Fake news s’est démocratisée, elles ne sont plus uniquement utilisées comme tactiques de guerre pour tromper l’adversaire, elles sont aujourd’hui à la portée de tous. 

De la manipulation des élections, en passant par l’épidémie de la Covid-19, jusqu’à l’annonce d’un accident mortel d’une célébrité, tout est sujet à Fake news aujourd’hui. 

Les avancées technologiques en matière d’intelligence artificielle peuvent permettre de lutter contre la désinformation. 

Tout d’abord grâce aux technologies NLP (Natural Language Processing) qui dissèquent les textes et à celles de l’analyse d’images (Computer vision) pour repérer les images truquées [7]. 

On peut voir aujourd’hui que des technologies d’IA sont utilisées pour fabriquer des fake news comme les deepfakes mais elles sont surtout nos meilleures armes pour les démasquer.

Sources:

[1] Vosoughi, Soroush, et al. « The Spread of True and False News Online ». Science, vol. 359, no 6380, mars 2018, p. 1146‑51. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1126/science.aap9559
[2]  Sun Tzu. Art of War
[3] McIntosh, Elizabeth P. « Honolulu after Pearl Harbor: A Report Published for the First Time, 71 Years Later ». Washington Post, 6th December 2012. www.washingtonpost.com, https://www.washingtonpost.com/opinions/honolulu-after-pearl-harbor-a-report-published-for-the-first-time-71-years-later/2012/12/06/e9029986-3d69-11e2-bca3-aadc9b7e29c5_story.html
[4] “Spy Girl” Betty McIntosh - CIA. https://www.cia.gov/stories/story/spy-girl-betty-mcintosh/. 
[5] Bernstein, Adam. « Elizabeth McIntosh, Spy Whose Lies Helped Win a War, Dies at 100 ». Washington Post, 8th June 2015. www.washingtonpost.com, https://www.washingtonpost.com/national/elizabeth-mcintosh-spy-whose-lies-helped-win-a-war-dies-at-100/2015/06/08/6ed48900-0dfd-11e5-adec-e82f8395c032_story.html.
[6] Memorial Day Address | C-SPAN.Org. https://www.c-span.org/video/?57389-1/memorial-day-address).
[7] Marr, Bernard. « Fake News Is Rampant, Here Is How Artificial Intelligence Can Help ». Forbes, https://www.forbes.com/sites/bernardmarr/2021/01/25/fake-news-is-rampant-here-is-how-artificial-intelligence-can-help/

Other sources: 

« Histoires d’espions : OSS Operation Black Mail, la guerre des «fake news» ». LEFIGARO, 5 août 2018, https://www.lefigaro.fr/international/2018/08/05/01003-20180805ARTFIG00106-histoires-d-espions-oss-operation-black-mail-la-guerre-des-fake-news.php.
Setting the ‘Rising Sun’: The WWII service of Psywarrior Elizabeth McIntosh. https://arsof-history.org/articles/v12n1_elizabeth_mcintosh_page_1.html
McIntosh, Elizabeth P. Undercover girl. Time-Life Books, 1993.

Cover image credit: personal archive
1st photo credit: Cover of Sisterhood of Spies: The Women of the OSS 
2nd photo credit: OSS Society

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