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Episode 6, Eric Tabarly, la course au large et à l’innovation

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Episode 6, Eric Tabarly, la course au large et à l’innovation

01/12/2021 par Preligens

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Intro: 

Le 15 juin 2021, soit 400 ans après la traversée de l’Atlantique par les “pères pèlerins", le Mayflower est parti de Plymouth en Angleterre avec pour but de traverser l’océan. Une impression de déjà vu, mais ce nouveau navire homonyme, 4 siècles plus tard, est un navire autonome, le Mayflower Autonomous Ship. [1]
Malheureusement la tentative de traversée de l’Atlantique de ce nouveau voilier est un échec. Néanmoins ce projet réussit à démontrer une chose au grand public: que la course à l’innovation dans le milieu maritime continue à battre son plein.  

Qu’aurait pensé Éric Tabarly, un des plus grands navigateurs français, de ce navire autonome ?

C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre aujourd’hui avec Coralie Trigano, responsable commerciale export chez Preligens.

Un navigateur hors-du-commun:

Né le 24 juillet 1931, Éric Tabarly est fils de commandant de la marine. Dès sa plus tendre enfance, il fend les flots du Golfe de Gascogne et il n’a que 7 ans lorsque son père acquiert un voilier au nom qui marquera Tabarly toute sa vie: le Pen Duick. [2] 

En 1952, il s’engage dans l’aéronavale de la Marine nationale en tant que pilote, alors en pleine guerre d’Indochine. C’est là qu’il effectue ses premières missions opérationnelles. Mais la mer lui manque et il décide de poursuivre sa formation à l’Ecole Navale pour devenir enseigne de vaisseau en 1960. Après quelques années, il renoue avec son amour de jeunesse : la course au large.  

Souhaitant participer à la course transatlantique en solitaire de 1964 [3], il réussit à obtenir un détachement spécial par la Marine nationale.

C’est à l’occasion de cette course que Tabarly va concevoir spécialement son premier bateau : le Pen Duick II, un ketch de 13,60 mètres, avec lequel il remporte la course en franchissant le premier la ligne d'arrivée à Newport le 18 juin 1964.
Fort de cet exploit, il est nommé chevalier de la légion d’honneur par Charles de Gaulle et redonne à la France le goût des embruns de la course au large. 

Ses missions au sein de la Marine sont elles aussi uniques : il rejoint l’École des fusiliers marins de Lorient tout en continuant à participer à de nombreuses courses dont la seconde transat anglaise qu’il remporte en 1976 ou encore la Transpacifique en 1969 jusqu’au record de la traversée de l’Atlantique Nord en 1980.

Tabarly à bord du Pen Duick II

Après 33 ans de bons et loyaux services, Eric Tabarly quitte officiellement la Marine en 1985 pour se consacrer pleinement à la course au large.

Les innovations technologiques de Tabarly: 

Ces victoires, Eric Tabarly les a d’abord obtenues à la sueur de son front, par sa détermination, mais surtout grâce à son ingéniosité hors du commun. Il révolutionne le monde de la voile avec ses innovations, encore utilisées aujourd’hui. 

Il commence avec le Pen Duick II, son premier voilier, lorsqu'il utilise du contreplaqué marine pour réduire le poids de son bateau ce qui va lui permettre de gagner la transat anglaise en 1964. Son deuxième voilier, le Pen Duick III, va subir le même régime en 1966 avec sa coque en aluminium. L’ utilisation de cet alliage est une première en France à l’époque. Mais Eric Tabarly ne s’arrête pas là, et avec le Pen Duick IV, il est l’architecte du premier grand trimaran de course au large. Autre innovation majeure sur ce voilier : les mâts tournants. [4]

En 1968, sort des chantiers navals de Lorient, le voilier le plus innovant imaginé par Tabarly: le Pen Duick V. Ce voilier long de plus de 10 mètres est le premier voilier à ballasts. Il possède en outre une carène planante et une quille profonde profilée ce qui lui octroie un hydrodynamisme inégalé. Il ne faut pas non plus oublier les fameuses chaussettes à spi qu’il invente en même temps.

Dernière création de Tabarly et pas des moindre: les foils qui ont pour objectif la suspension du bateau au-dessus de l’eau pour réduire le contact et donc l’adhérence entre la coque mouillée et la surface de l’eau. Malheureusement, cette nouvelle invention ne fait pas gagner le Paul Ricard de Tabarly, mais il dévoile tout de même cette innovation aux yeux du monde entier. Aujourd’hui, l’utilisation du foil s’est démocratisée, indispensable à la course au large et plébiscitée par les marins amateurs.

Le Paul Ricard de Tabarly à foil

Les innovations de Tabarly furent si nombreuses qu’il est difficile de toutes les énumérer mais il est indéniable qu’avec elles, Tabarly a laissé un héritage inestimable au monde de la voile.   

Il crée une véritable école française de la course au large et forme de nombreux skippers dont Olivier de Kersauson, Marc Pajot, Titouan Lamazou, Jean Le Cam, et bien d’autres encore.

Il est encore une source d’inspiration, un modèle pour les skipper d’aujourd’hui, comme le témoigne le figariste et ancien commando marine Philippe Hartz que nous soutenons chez Preligens. 

Nouvelles technologies dans le monde de la course au large

Depuis la disparition de Tabarly, le 13 juin 1998 au large des côtes galloises, l’innovation dans le milieu de la navigation n’a cessé de continuer. Autant sur le point matériel que technologique. La course au large reste un véritable laboratoire d’innovations pour le monde maritime. 

Aujourd’hui, quelques jours après l’arrivée de la Transat Jacques Vabre 2021, la performance des trimarans ultim, ces bateaux volants, sur foils, à plus de 40 nœuds est extraordinaire et continue encore de s’améliorer. 

François Gabart, second lors la dernière Transat Jacques Vabre, détenteur du record du monde en solitaire, vainqueur du Vendée Globe 2013 et de la Route du Rhum 2014 évoquait cela lors d’une table ronde sur l’IA en octobre dernier. “ Sans assistance électronique, il devient impossible de naviguer. L’IA nous permet d’optimiser les performances du bateau. Elle permet aussi de comprendre et d’apprendre.” [5]

Le “SVR Lazartigue” de François Gabart intègre une IA à la pointe de la technologie

Au-delà d’assurer la sécurité du skipper, l’IA permet aussi d’optimiser les performances des navigateurs. 

Les deux couples skipper-bateau et homme-machine fusionnent pour devenir le trio Skipper-bateau-machine. Au marin maintenant de trouver le meilleur équilibre dans cette nouvelle équation.

Sources:

[1] noire, Boîte. « Un Capitaine Artificiel En Solitaire ». Medium, 7 juillet 2021, https://boitenoire.medium.com/un-capitaine-artificiel-en-solitaire-40b24a0f15c9

[2] Eric Tabarly : biographie du navigateur. https://www.citevoile-tabarly.com/fr/eric-tabarly

[3] « Éric Tabarly ». Wikipédia, 20 novembre 2021. Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89ric_Tabarly&oldid=188172027

[4] Joubin, Philippe. « Éric Tabarly ou l’innovation pour credo ». Ouest France, vol. La mer notre avenir, p. 9, https://www.raceforwater.org/app/uploads/2018/09/la-mer.pdf.

[5] Bacro, Stéphane. « Concarneau. Dans la voile aussi, l’heure est à l’intelligence artificielle ». Ouest France, 16 octobre 2021, https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/concarneau-dans-la-voile-aussi-l-heure-est-a-l-intelligence-artificielle-dd6fc5cc-2dd2-11ec-806e-9617b2a03500.

Tabarly, Éric. Mémoires du large. Librairie générale française, 1998.

Photo de couverture © Thierry RANNOU/Gamma-Rapho via Getty Images

Image 1 © AFP

Image 2 © Bernard Deguy

Image 3 © Ouest France

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