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Episode #9 Georges Seurat et le pointillisme, une approche scientifique du visible

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Episode #9 Georges Seurat et le pointillisme, une approche scientifique du visible

Qui est-il ?

Georges Seurat est né en 1859 à Paris, d’une famille bourgeoise. Dès l’âge de 7 ans, il suit des cours de dessin. A l'école municipale d'art qu'il fréquente, il fait la connaissance d'Edmond Aman-Jean qui restera l’un de ses plus chers amis. 10 ans plus tard, Seurat entre à l’École des beaux-arts de Paris, dans la section peinture et se forme dans l'atelier d'Henri Lehmann, ancien élève du très célèbre Jean-Auguste-Dominique Ingres. Pas vraiment bon élève, il suspend ses études et réalise une année de volontariat militaire à Brest entre 1879 et 1880. A son retour, il décide avec ses amis peintres, Edmond Aman-Jean et Ernest Laurent, de louer un atelier et développer leur art. Durant cette période, il se consacre particulièrement à la maîtrise du noir et blanc et à la lecture scientifique.

Un artiste scientifique

Parmi ses livres de chevet, on trouve notamment la Grammaire des arts du dessin (1867) du critique Charles Blanc. Ce dernier a dépeint L'Étoile des couleurs, qui présente le modèle des trois couleurs primaires (rouge, jaune, bleu) et les trois couleurs binaires (orange, vert, violet) obtenues par mélange. Il souhaite ainsi promouvoir une approche scientifique du visible. Cette rationalisation de la peinture séduit Georges Seurat. 

Il poursuit ses lectures scientifiques avec le chimiste Michel-Eugène Chevreul qui théorise la loi du contraste simultané en 1839. Selon cette loi, notre œil, lorsqu’il perçoit une couleur, exige en même temps sa couleur complémentaire et, si elle ne lui est pas donnée, il la crée lui-même. Ainsi lorsque nous voyons un vert, notre œil crée automatiquement autour de cette couleur un halo avec sa couleur complémentaire, qu’est le rouge, si bien que si le peintre a placé à côté du vert, la couleur rouge, celle-ci apparaît à notre œil plus lumineuse, plus saturée encore que ce qu’elle n’est réellement. A l’inverse, si le peintre a placé une autre couleur que le rouge à côté du vert, celle-ci est ternie, en quelque sorte « salie » par ce léger halo rouge que notre œil crée automatiquement. 

Enfin, c’est une théorie d’Ogden Rood, datant de 1879, intitulée Modern Chromatics, qui va venir parachever la recherche stylistique de George Seurat. D’après Ogden Rood, il existe un rapport complexe entre le rayonnement lumineux et la perception colorée. La couleur n’est pas un attribut des objets mais une expérience physiologique.

Le développement de l’art “pointilliste” ou “divisionniste”

Grand admirateur de l’impressionnisme, Seurat entend néanmoins se positionner en rival de Monet. En 1884, il achève sa première grande composition (deux mètres sur trois), Une baignade à Asnières. Après s’être vu refusé l’entrée au Salon officiel de Paris, il crée son propre salon d’exposition : le Salon des artistes indépendants, sans jury ni récompense. Y seront exposées les œuvres des très grands Paul Cézanne, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh, ou encore Edward Munch, pour n’en citer que quelques-uns. La Baignade à Asnières connaît un grand succès auprès du cercle des jeunes artistes, notamment auprès du peintre Paul Signac et du critique d’art Félix Fénéon. 

George Seurat vient de mettre au point la technique picturale du “divisionnisme”, aussi communément appelée : le pointillisme. Cette technique consiste à juxtaposer de petites touches de couleur sur la toile. Vue de près, l'œuvre semble se composer de points de couleurs désordonnés, mais vue dans son ensemble celle-ci donne vie à des portraits ou des scènes plus élaborées. Les points prennent tout leur sens. Ce nouvel art pointilliste s’appuie sur toutes les théories des couleurs que je vous ai précédemment évoquées et qui passionnaient Seurat. 

La technique de vision par ordinateur nommée segmentation se rapproche nettement dans son esprit à l’art divisionniste de Seurat. En effet, la segmentation découpe de façon automatique une image en zones de pixels appartenant à une même classe d’objets. Le divisionnisme révèle des objets et personnages, à partir de points de couleurs, tels des pixels. 

Le néo-impressionnisme

En 1886, Seurat obtient que sa seconde œuvre d’envergure, Un dimanche à la Grande Jatte (1884), soit exposée à la huitième et dernière exposition de peinture des impressionnistes. Les impressionnistes critiquent ce chef-d’œuvre qui rompt assez nettement avec les principes qu’ils défendent : la perception subjective d’une réalité fuyante. Seurat a frappé un grand coup ! Il s’est écarté de la peinture de l’instant présent pour donner à sa composition un caractère figé et intemporel. Il priorise la lumière au motif. 

Après avoir peint six chefs-d’œuvre caractérisés par sa minutieuse technique pointilliste, Seurat est effectivement devenu le rival de Monet et le néo-impressionnisme, une alternative au courant impressionniste. 

Il meurt subitement en 1891, quelques mois après Vincent Van Gogh. Le néo-impressionnisme de Seurat perdurera, incarné par son admirateur et confrère-peintre Paul Signac. 

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